Bonjour,
Veuillez trouver ci-joint et ci-dessous un appel à communications pour le colloque international "Corps vivant/corps marionnettique: enjeux d'une interaction" qui se déroulera à Arras en mars 2010.
N'hésitez pas à transmettre cet appel autour de vous.
Date limite pour l'envoi des propositions : 31 octobre 2009.
Cordialement,
Françoise Heulot-Petit et Stanka Pavlova
UFR Lettres et Arts, Université d'Artois, Arras
Appel à communications
Corps vivant/corps marionnettique : enjeux d’une interaction
18-19 mars 2010
Université d’Artois, Arras
Ce colloque s’inscrit dans la suite des travaux que l’axe « Praxis et Esthétique des arts » a consacrés à la marionnette au sein de l’équipe d’accueil « Textes et Cultures » de l’Université
d’Artois à Arras (notamment une journée d’études « Troupes et Marionnettes » en 2007). La réflexion s’oriente à présent plus spécifiquement vers la problématique du corps.
Placés sur scène, acteurs et marionnettes entrent dans un corps à corps où la place de l’inerte captive et attire l’attention du spectateur. Le lien qui se noue relève du regard et de l’écoute et
s’appuie aussi sur l’espace qui coexiste entre deux corps. L’un vivant, et l’autre mobile mais d’une mobilité contrainte par la main qui manipule. L’usage de l’objet marionnettique permet
d’exploiter des zones de friction entre les corps et invite à interroger différents niveaux de perception mis en éveil par le spectateur d’aujourd’hui, nourri d’images. Dans Le Commerce des regards
, Marie-José Mondzain souligne combien l’image naît d’une construction, dans une relation triangulaire, entre celui qui la montre, ce qu’elle donne à voir, et celui qui la reçoit. L’écart entre ce
qui est donné à voir et ce qui est vu crée l’espace de la réflexion. Mais la multiplication des images dans le monde contemporain produit un phénomène d’identification immédiate : le sujet
regardant est littéralement absorbé. Au contraire, dans le spectacle vivant, appréhendé comme une manipulation des signes de la scène, le spectateur se réapproprie l’image parce qu’il la voit se
fabriquer en direct, parce qu’il promène librement son regard et plus encore dans les spectacles de marionnettes, puisque le manipulateur de figurines, d’ombres et d’objets est un « montreur »
d’images.
Cette tentative de réappropriation de l’image participe d’un mouvement de réappropriation du corps qui va à l’encontre de la dématérialisation que la société contemporaine a progressivement
élaborée. Les limites du vivant sont de plus en plus floues. Le rajeunissement du corps est le lieu d’une lutte contre le temps. Le cœur bat de corps en corps, les organes circulent, le corps s’est
mécanisé, les interrogations sur la fin de vie et la manipulation génétique des embryons repoussent certaines définitions de l’humain. L’avatar se substitue au mort sur des sites internet et
questionne les représentations de la figure humaine. Or la dématérialisation des nos sociétés actuelles se conjugue avec une présence prépondérante des corps dans le monde artistique et
particulièrement dans les arts de la scène. Ces corps accompagnés d’une représentation de l’humain par divers moyens - poupées, effigies, avatars – sont aussi manifestes dans la création
contemporaine. Si l’exploration du corps humain comme forme marionnettique a traversé le XXe siècle, le corps vivant devient l’enjeu de la représentation. De quelles manières ces moyens
rudimentaires ou techniquement complexes interrogent-il le corps aujourd’hui ? Comment le spectateur éprouve-t-il ces corps autres ? Son approche de l’image conduit-elle à un changement de
perception et de quelle nature ? Comment la marionnette est-elle à même de rendre le spectateur sensible à son propre corps et aux limites du vivant aujourd’hui ?
Pour répondre à ces questions, il nous semble nécessaire de revenir à la nature même des moyens artistiques qui proposent une représentation de la figure humaine. Du simple objet, humanisé par son
mouvement, à la poupée servant de jouet d’enfants, du mannequin, statue articulée qui sert de modèle, au pantin, figurine burlesque dont on agite les membres, de l’avatar, représentation d’un Dieu
qui se joue des métamorphoses, devenu une forme virtuelle pour le jeu vidéo, au corps de l’acteur devenu marionnette par une gestuelle spécifique. Chacun possède son histoire, ses références
sociologiques, littéraires et artistiques. Nous les rapprochons en tant que représentations anthropomorphiques inertes, mues de l’extérieur par un manipulateur visible ou invisible. En interrogeant
à chaque fois la nature de cette représentation, les possibilités dramaturgiques qu’elle propose en fonction du type de manipulation et les enjeux particuliers qu’elle permet d’explorer dans son
rapport au corps vivant présent sur scène, nous pourrons mieux saisir les caractéristiques de l’art de la manipulation aujourd’hui.
Nous nous intéresserons aux diverses représentations de la marionnette (objets, formes et matériaux, images animables) comme métaphores du corps morcelé, du corps comme présence et comme
dédoublements corporels, possibles avatars de la marionnette. Nous questionnerons également le corps physique du marionnettiste en interaction avec l’objet et l’image. En effet, le principe
de manipulation à vue couramment utilisé dans les spectacles de marionnettes engage fortement le processus « de distanciation ». Les nombreuses applications des technologies aux arts de la scène
provoquent une réverbération sur le corps de l’acteur réel et cette présence physique devient un point critique. La scène devient le lieu de rencontre et d’échange au croisement du réel et de
l’imaginaire entre l’acteur scénique, sa présence physique, mais également sa présence écranique . A la différence de l’art pictural, qui offre au regard des mondes imaginaires, les univers
virtuels dotés d’interfaces multi - sensorielles engagent l’ensemble du corps dans leurs constructions factices. Alors que l’infographiste gère et construit l’espace plastique d’un regard
extérieur, le comédien aborde l’espace scénique physiquement, en l’investissant corporellement, de l’intérieur. Comment l’acteur devient-il conscient de l’image qu’il est en train de produire sur
scène, de son ombre, des interactions que ces dédoublements génèrent avec le reste ?
La marionnette interroge aussi la nature de la perception du corps parce qu’elle redessine l’espace et permet un travail sur l’échelle, un creusement de l’espace-temps. Sa force de symbolisation
impose une rythmique du texte qui introduit une perception spécifique pour le spectateur et propose une projection de la pensée qui mérite d’être précisée. La distanciation toujours présente
introduit un rapport particulier au réel. C’est la mise en tension de ces caractéristiques qui met en valeur le corps du manipulateur. Ainsi, c’est la nature même de cette interaction, de cet
espace de flottement qui s’insinue entre deux corps que nous pourrons mieux saisir afin de comprendre de quelle manière elle joue avec la perception du spectateur.
Nous proposons d’aborder notamment les représentations artistiques du corps humain, la manière dont la marionnette permet d’aborder certains sujets relatifs au corps (mort, sexualité), la nature
d’un matériau qui produit sa propre présence (théâtre de matière, théâtre d’objets), l’analyse du processus de perception, le rapport au virtuel, en nous appuyant sur l’analyse du processus de
création de spectacles contemporains, mettant en jeu la relation vivant/inerte.
Comité d’organisation
Françoise Heulot-Petit
Stanka Pavlova
Comité scientifique et d’orientation
Sylvie Baillon
Christian Carrignon
Brunella Eruli
Amos Fergombé
Claire Heggen
Françoise Heulot-Petit
Jean-Pierre Lescot
Stanka Pavlova
Didier Plassard
Calendrier :
- propositions de communications (1 page) : 31 octobre 2009
- Avis du comité scientifique et d’orientation : 30 novembre 2009
Les propositions de communications sont à adresser par courrier électronique à : francoise.heulot@voila.fr