Séminaire EHESS Anthropologie historique des arts nomades
Coordination : Tiziana LEUCCI (CNRS, CEIAS, Paris-Aubervilliers) et Pierre PHILIPPE-MEDEN (Université Paul-Valéry Montpellier 3, RiRRa21)
EHESS-Paris-Aubervilliers — Séminaire en DISTANCIEL
Année 2022-2023
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Le séminaire s'inscrit dans la continuité des recherches doctorales conduites au séminaire d'ethnoscénologie à la Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord (Paris 8, Paris 13, CNRS).
Argumentaire : La notion de « spectacle vivant » est juridiquement encadrée, en France, par une loi sociale et fiscale de 1999 désignant par cette formule les spectacles « produits ou diffusés par des personnes qui, en vue de la représentation en public d’une œuvre de l’esprit s’assurent la présence physique d’au moins un artiste du spectacle vivant percevant une rémunération. » (art. 1 Loi n°99-198 du 18 mars 1999). La présence physique de l’artiste distingue ainsi le spectacle vivant des autres formes spectaculaires, tel que le cinéma. Cette présence conduit davantage à tenir compte de l’histoire personnelle de l’artiste qui s’inscrit dans un réseau de relations écologiques intersubjectives.
Ce séminaire entend étudier les formes performatives, spectaculaires et à forte dimension dialogique, qui s’articulent autour d’un axe non seulement technique, entendu dans la perspective maussienne, mais aussi et surtout esthétique : cirque, mime, danse, théâtre, musique, arts martiaux. Par sa perspective éthico-pratique, l’anthropologie théâtrale et l’histoire ont montré comment l’artiste de spectacle vivant et ses créations se caractérisent par leur ‘nomadisme’. Or, il arrive que la liberté de créer des œuvres, éphémères par nature, se paie au prix de l’absence d’établissement fixe, de la circulation forcée, de l’exil, mais aussi au bénéfice de la rencontre, du devenir autre, de la connaissance, du partage et du métissage. Le séminaire s’attachera d’abord à historiciser le nomadisme des arts du spectacle vivant, c’est-à-dire les processus négociés par l’artiste pour acclimater, adapter voire réinventer selon les circonstances, ses techniques du corps et de transmission, ses esthétiques et ses sensibilités. Il s’agira notamment d’appréhender les enjeux, les difficultés et les malentendus culturels qui émergent dans ces processus. Pour cela l’approche biographique et les témoignages d’artistes et d’artistes-chercheurs en situation ‘nomade’ seront privilégiés.
Le séminaire s’intéressera particulièrement aux politiques du regard que l’on porte aujourd’hui sur des techniques et esthétiques qui ont émergé depuis le 18ème siècle et font débat sur les scènes actuelles : dressage d’animaux sauvages, usages du nu, de la peau et des handicaps dans la construction d’identités performatives et spectaculaires. Une attention particulière sera donnée aux perspectives de l’ethnoscénologie, de l’ethnochoréologie, de l’écologie corporelle et des écosomatiques pour leur contribution à l’étude du renouvellement du monde des arts du spectacle vivant comme représentation ou réponse fonctionnelle à nos sociétés contemporaines.