Colloque : Corps, culture et apprentissage (Taza/Maroc les 25, 26 & 27 mai 2015)

Corps, culture et apprentissage

Colloque-festival international

25, 26 et 27 mai 2015

Laboratoire : langue, littérature et communication

Unité de recherche: “Ethnoscénologie et arts du spectacle”

Faculté Polydisciplinaire de Taza (Maroc)

Argumentaire :

« Dressage » et normalisation du corps semblent être les objectifs suprêmes et manifestes du contrôle social de l’individu. Face à ces restrictions sociales et endogènes du corps quotidien, le corps en situation de spectacle semble instituer la logique de la déviance et de l’altérité: le corps en mouvement, le corps dansant brise à sa manière les canons de sociabilisation habituels pour instaurer de nouvelles techniques, de nouvelles voies d’expression des « forces vitales » (Nietzche) refoulées. Ce corps « autre » ou « extra-quotidien » (Barba ) devient en quelque sorte porteur d’un langage approprié pour transgresser, transcender et exprimer une pensée libérée du poids de l’orthodoxie.

Dire que les apprentissages culturels conditionnent dans une large mesure le corps humain est une évidence. La détermination sociale et culturelle joue un rôle important dans l’acquisition d’un savoir-faire corporel qui est aussi lié à un savoir-être dans le monde. En revanche, ce qui est moins évident c’est la construction d’un discours à la fois méthodique et cohérent portant sur les différents processus d’apprentissage propre à chaque groupe humain. Par ailleurs, dans bon nombre de recherches anthropologiques ayant le corps comme objet d’étude, le mimétisme semble une constante culturel et biologique. Les « techniques du corps » (Mauss, 1936 ) permettent de manière générale l’expression individuelle et collective d’une émotion, l’intégration de l’individu au groupe grâce à son potentiel relationnel et la consolidation d’une identité communautaire qui, elle, passe aussi par des formes spectaculaires organisées…

Le corps sur lequel nous porteront notre regard durant ces trois jours de réflexion est un corps en mouvement, un corps qui pense, un corps dansant qui permet à une collectivité donnée d’exprimer une émotion, de susciter un désir, de déclencher un élan érotique, de nouer des liens avec le divin ou avec des entités surnaturelles…

L’apprentissage informel celui qui existe en dehors des circuits institutionnels tels que les écoles d’art dramatique sera aussi notre centre d’intérêt lors de ces rencontres : comment acquiert-on les techniques corporelles nécessaires pour devenir derviche tourneur, gnaoui, jilali, aissaoui, geisha, cheikh ou cheikha, shaman, prêtre ?

S’agit-il d’une éducation artistique au sens strict du terme ? S’agit-il d’un processus de transmission d’un patrimoine culturel ? Est-il question d’une superposition épistémologique permettant le passage du processus d’imitation culturelle à celui d’éducation ?
A toutes ces questions, ces rencontres interdisciplinaires et internationales devront, du moins on l’espère, apporter quelques éléments de réponses…

4 axes particuliers seront explorés lors de ces journées :

- Le corps dans les cultures (musulmanes, chrétiennes, juives, hindouhistes, bouddhiques…) : représentation et symbolique du corps dans ces contextes religieux,

- Le corps dans les écrits et les pratiques mystiques,

- Le discours des praticiens sur le corps : résultats d’enquêtes ethnographiques et de recherches sur le terrain,

- Les processus d’apprentissage des techniques du corps au sein des confréries et des groupes de performeurs.

Contact :

Rachid MOUNTASAR (Responsable scientifique, organisateur) : rmountasar@hotmail.com